Publication du document de travail "Chèque services, normes du travail et liberté d'association: Le cas du Québec" par la professeure Louise Boivin

La professeure Louise Boivin (Département des relations industrielles, Université du Québec en Outaouais) est l'auteure de "Chèque services, normes du travail et liberté d'association: Le cas du Québec" le plus récent article dans notre série de Documents de travail LLDRL. L'article de la professeure Boivin explore le programme Québecois du chèque-emploi-service, un programme à travers duquel des travailleurs.es - majoritairement des femmes, souvent racisées et/ou migrantes - sont appelé.e.s à dispenser des services, tels que l'entretien ménager, la garde d’enfants et l'aide à domicile pour des personnes vivant avec une déficience physique ou à des personnes âgées en perte d’autonomie, pour des organismes gouvernementaux. Les données présentées et les conclusions tirées par la professeure Boivin dressent un portrait consternant qui suscite la réflexion quant aux lois et aux mesures nécessaires pour mieux protéger les travailleuses et qui exige le changement. 

Dans sa conclusion, la professeure Boivin note: « [n]otre étude de cas montre que la protection des droits du travail, reposant sur une conception fordiste, sexuée et racisée de l’organisation de la production et du travail, n’est pas pleinement effective dans le secteur des services d’aide à domicile, où le lieu de travail est constitué par le domicile et où les relations de travail sont multipartites. Les travailleuses du CES vivent les conséquences de cette protection ineffective des droits relatifs aux normes minimales du travail et de leur liberté d’association. Elles connaissent une faible qualification professionnelle et une précarisation de l’emploi qui se traduisent notamment par de très faibles salaires et une forte insécurité économique. Leurs horaires de travail éclatés, à temps partiel et instables découlent d’une logique de flexibilisation du travail basée sur l’obligation à la « disponibilité permanente juste à temps. » [...] [Cette étude] nous amène à conclure à la nécessité d’une réflexion sur les modes d’organisation développés pour la prestation des services aux personnes ainsi que sur l’effectivité de la protection des droits du travail, de la protection sociale et plus largement des droits de la personne pour les travailleuses employées dans le cadre de programmes de chèque service. Cette réflexion nous apparait nécessaire pour éviter que les programmes de chèque service ne participent et même, ne viennent renforcer, la traditionnelle dévalorisation sexuée et racisée du travail de services auprès des personnes ainsi que la dévalorisation concomitante du personnel le dispensant, majoritairement des femmes, dont une proportion importante de femmes racisées et immigrantes. »

L'auteure 

Dr. Boivin est professeure au Département des relations industrielles à l'UQO et est affiliée au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT), au Réseau québécois en études féministes (RéQEF) et à l'Équipe de recherche Travail et société (ERTS). Ses intérêts de recherche sont vastes, et incluent la sociologie du travail et du syndicalisme, les théories des rapports sociaux de sexe et de l'intersectionnalité, les approches théoriques critiques en relations industrielles, la division sexuelle et raciale du travail, et la représentation collective des groupes sociaux précarisés, tels que les femmes, les personnes racisé.e.s, migrantes et sans papiers. 

Le document de travail de la professeure Boivin est disponible ici

 

 
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