Étudiants de McGill aident une communauté située au nord du Québec

Volume 12, numéro 2, 2014

Si personne ne nie le rôle important que remplissent les services d’orthophonie dans toutes les communautés, l’accès à ces services n’est pas chose aisée dans les régions éloignées. Les étudiants de McGill apprennent donc à mettre la technologie au service des communautés autochtones qui ne peuvent compter sur la présence d’un orthophoniste. Le projet du Nord (Northern Project) est né d’une collaboration entre le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James, l’Hôpital de Montréal pour enfants et l’École des sciences de la communication humaine de McGill. Ensemble, ces trois organismes se sont employés à trouver une solution afin d’offrir des services d’orthophonie à la communauté crie de Chisasibi, dans le nord du Québec, pendant l’hiver 2014.

Adelina Feo, directrice des Services professionnels et de l’assurance de la qualité, Services paramédicaux, auprès du Conseil cri de la santé, a pris contact avec l’Hôpital de Montréal pour enfants et l’École des sciences de la communication humaine dans le but de lancer un essai préliminaire d’évaluation du trouble de la parole par vidéoconférence, selon une méthode souvent baptisée « télésanté ». Cet exercice a donné lieu à une occasion privilégiée pour Emily Tredger, aujourd’hui diplômée de l’École des sciences de la communication humaine, de découvrir le monde de la télésanté dans le cadre de son stage d’hiver. Depuis Montréal, Mme Tredger et Marie-Noel Malo, orthophoniste à l’Hôpital de Montréal pour enfants, ont évalué des enfants d’âge préscolaire ayant un retard de la parole et du langage, y compris des enfants qui souffrent de troubles dans le spectre de l’autisme. Grâce à l’aide d’une technicienne, Cherubine Martin, et de la vidéoconférence, les parents pouvaient faire évaluer leur enfant depuis leur communauté. Ainsi, les familles ont pu s’éviter le déplacement jusqu’à Montréal, un voyage de 4 heures en avion ou de 18 heures en voiture.

La télésanté permet de diminuer le temps de déplacement et les dépenses des parents, mais elle présente des limites. La validité des résultats des évaluations ne fait pas de doute, mais Mmes Malo et Tredger ont exprimé quelques préoccupations par rapport à ce qui entoure l’activité. Par exemple, il était difficile de manipuler le matériel et de contrôler le comportement des enfants pendant les évaluations. Mais surtout, les cliniciennes et les parents trouvaient que la vidéoconférence dépersonnalisait les échanges. Puisqu’il n’y avait pas de contact direct, les parents avaient l’impression que les cliniciennes ne tissaient pas réellement de lien avec leurs enfants. Malgré ces commentaires, le Conseil cri de la santé continue de considérer l’intégration de la technologie aux fins de suivi des patients comme une façon de bonifier les services, sans pour autant les remplacer.

Un deuxième volet du projet a pris place pendant la relâche du mois de mars des étudiants de McGill. L’équipe, composée de Mmes Feo, Malo et Tredger ainsi que Kelly Root, coordonnatrice à la formation clinique de l’École des sciences de la communication humaine, s’est rendue à Chisasibi. Pendant leur séjour d’une semaine, elles ont rencontré des professionnels de la santé, des employés de services de garde et des spécialistes des besoins éducatifs spéciaux de la communauté, afin de déterminer leurs besoins et de leur fournir des renseignements. Elles se sont également penchées sur de nouvelles utilisations des ressources déjà en place afin d’aider les enfants ayant des besoins particuliers sur le plan de la parole et du langage.

« [La communauté était] ravie de notre visite », relate Mme Tredger, qui a eu la chance d’animer des ateliers sur le développement langagier et qui estime que les séances de réflexion avec les éducateurs au préscolaire ont fait ressortir des points importants. Par la suite, le Conseil cri de la santé a confié à Mme Tredger la tâche de rédiger un ouvrage regroupant des suggestions d’activités thérapeutiques.

Pour Mme Feo et le Conseil cri de la santé, le projet a été un succès qui a stimulé l’intérêt des étudiants en orthophonie pour la collaboration avec les Premières nations. Mme Root a indiqué que le partenariat a été « mutuellement avantageux » et que les deux groupes espèrent poursuivre leur collaboration au cours des années à venir. Ainsi, il en ressortirait un soutien accru pour les communautés desservies par le Conseil cri pour la santé et une expérience pratique significative pour les futurs orthophonistes.

De meilleures connaissances des étudiants sur les communautés éloignées pourraient se traduire par une moins grande pénurie d’orthophonistes sur le terrain, en particulier si leurs expériences ont des résultats aussi positifs que celle de Mme Tredger. Interrogée sur ce qu’elle fera maintenant qu’elle a son diplôme en main, cette dernière affirme que son stage a confirmé son intérêt pour la santé des Autochtones et qu’elle entend maintenant s’y consacrer.

Collaboratrices du projet

  • Caroline Allard, Services aux patients cris
  • Katrine Doucet, orthophoniste, Hôpital de Montréal pour enfants
  • Anny Dubé, orthophoniste, C.C.S.S.S.B.J.
  • Adelina Feo, erg. directrice des Services professionnels et de l’assurance de la
  • qualité - Services paramédicaux, Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (C.C.S.S.S.B.J.)
  • Antoinette Ghanem, Télésanté du RUIS McGill
  • Marie-Noël Malo, orthophoniste, Hôpital de Montréal pour enfants
  • Cherubine Martin, Technicienne de Télésanté, C.C.S.S.S.B.J.
  • Kelly Root, coordonnatrice à la formation clinique, Université McGill, École des sciences de la communication humaine
  • Emily Tredger, stagiaire en orthophonie, École des sciences de la communication humaine (Diplômée, Automne 2014)
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