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« Durcissement des artères » : Une équipe de chercheurs de l’Université McGill étudie comment s’accumulent les composés de calcium

Une équipe de chercheurs de l’Université McGill a permis de faire progresser les connaissances scientifiques au sujet de l’accumulation anormale de minéraux dans les artères, une complication fréquente chez les patients atteints d’une maladie rénale chronique et de diabète. La calcification artérielle peut affecter la fonction cardiaque, jusqu’à entraîner la mort dans certains cas.
Publié: 31 January 2018

La chef d’équipe Marta Cerruti, à l’aide d’outils fournis par le Centre canadien de rayonnement synchrotron (CCRS), a examiné les artères calcifiées de souris génétiquement modifiées, découvrant que le mécanisme par lequel l’organisme entraîne ce qu’on appelle communément le « durcissement des artères » n’est pas celui que les experts médicaux avaient présumé.

Précédemment, le collaborateur de longue date de la professeure Cerruti, Monzur Murshed (chercheur à l’Université McGill et coauteur de l’étude en question), et son équipe ont démontré que l’élastine, la matière qui donne aux artères l’élasticité nécessaire pour se détendre et se contracter en réponse à l’action de pompage du cœur et ainsi faciliter la circulation sanguine, est un facteur déterminant de la calcification des artères. Leur étude a révélé que le collagène, élément essentiel à la minéralisation normale des os et des dents, n’est pas à l’origine de la calcification artérielle.

« La première matière de notre modèle génétique à s’être minéralisée est l’élastine, et non le collagène », dit la professeure Cerruti, précisant que ce mécanisme est bien différent de la minéralisation des os et des dents.

« Cette découverte m’a beaucoup surprise. La matière qui se minéralise dans les os et les dents étant le collagène, et comme celui-ci est aussi présent dans les artères, on croyait qu’il était doté de propriétés particulières qui favorisent ce processus. Mais comment se fait-il alors que la matière associée à la calcification artérielle soit plutôt l’élastine? »

Au moyen de la technique de microcaractérisation à rayons X doux (SXRMB) du CCRS, l’équipe de la professeure Cerruti a découvert, chez les souris atteintes de la maladie, la présence de dépôts de phosphate de calcium au stade initial dans les couches des artères contenant de l’élastine.

Marta Cerruti, docteure en chimie, est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les interfaces biosynthétiques. Son équipe de chercheurs postdoctoraux et de doctorants à McGill tente de comprendre et de maîtriser les phénomènes de surface, tout particulièrement ceux qui se produisent à l’interface des matériaux synthétiques et des molécules biologiques.

Dans le cas présent, la professeure Cerruti espère que les résultats de leur recherche permettront la mise au point d’un traitement capable de freiner l’accumulation de minéraux dans les artères des patients prédisposés à cette maladie.

La plus récente étude de l’équipe a été publiée dans l’édition du mois de février 2018 de la revue Arteriosclerosis, Thrombosis, and Vascular Biology. Les auteurs concluent qu’une stratégie reposant sur une intervention au stade initial de la cristallisation du phosphate de calcium pourrait être efficace pour prévenir la calcification vasculaire. Selon eux, il serait possible de dissoudre de manière sélective ces cristaux naissants au moyen de médicaments bien ciblés. Les professeurs Cerruti et Murshed dirigent un groupe interdisciplinaire dont le mandat et de vérifier si l’utilisation de certaines biomolécules personnalisées peut être efficace pour freiner la nucléation minérale ou la formation de cristaux dans les artères au tout début du processus.

Toujours selon l’article de recherche, il n’existe encore aucun traitement contre la minéralisation artérielle, principalement en raison d’un manque de compréhension du mécanisme moléculaire sous-jacent. La professeure Cerruti prévoit que son équipe retournera au CCRS afin d’affiner sa compréhension du stade initial de la minéralisation.

La chercheuse se montre prudente à ce moment-ci, mentionnant que l’article de son équipe ne fait qu’indiquer une piste qui pourrait mener à la découverte d’un médicament capable d’améliorer la santé des personnes atteintes d’une maladie contre laquelle il n’existe encore aucun traitement efficace.

« Si nous pouvions empêcher la nucléation, peut-être arriverions-nous à freiner la calcification des artères », dit-elle. « Quoi qu’il en soit, la résolution de ce sempiternel problème doit passer par une démarche interdisciplinaire. »

La professeure Cerruti mentionne qu’il est tout naturel que cette recherche sur le mécanisme de calcification des artères soit financée en partie grâce à une subvention de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada.

L’article « Multidisciplinary Approach to Understand Medial Arterial Calcification », par Ophélie Gourgas, Juliana Marulanda, Peng Zhang, Monzur Murshed et Marta Cerruti, a été publié dans la revue : Arteriosclerosis, Thrombosis, and Vascular Biology (2017) : ATVBAHA-117.
DOI : 10.1161/ATVBAHA.117.309808

Photo : https://www.flickr.com/photos/97079436@N04/31877392130/in/photolist-FNvJgs-FibrSG-QyTY69-QyTfjd-R94J12/

Le Centre canadien de rayonnement synchrotron (CCRS) à l’Université de la Saskatchewan est un établissement de recherche national produisant la lumière la plus brillante au pays – des millions de fois plus que la lumière du soleil. Il s’agit de l’un des projets scientifiques les plus vastes de l’histoire du Canada. Chaque année, plus de 1 000 scientifiques des quatre coins du monde se servent de la lumière du CCRS pour mener des recherches novatrices en matière de santé, d’agriculture, d’environnement et de matériaux de pointe

Ses activités sont financées par la Fondation canadienne pour l’innovation, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le Conseil national de recherches du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, le gouvernement de la Saskatchewan et l’Université de la Saskatchewan.

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