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Taux élevé de tuberculose parmi les Autochtones montréalais

Publié: 24 March 2010

La « maladie oubliée » atteint des taux disproportionnés au sein des membres des Premières nations et des Inuits

Considérée par plusieurs Canadiens comme une maladie oubliée, la tuberculose atteint néanmoins un nombre fort élevé de membres des communautés autochtones montréalaises. Selon les travaux de chercheurs de l'Université McGill, la prévalence de tuberculose-infection latente au sein de ce segment de la population est fort élevée, soit près de 18 pour cent comparativement à 4,3 pour cent chez les autres. Les résultats issus des recherches paraîtront dans le journal Qualitative Health Research.

La tuberculose est une maladie contagieuse. À l'instar du rhume, elle se propage par voie aérienne. Lorsque les personnes infectées toussent, éternuent, parlent ou crachent, elles propagent dans l'air les bactéries de la tuberculose, appelées germes typhiques.

« Bien que la tuberculose soit pratiquement éradiquée au sein de la population canadienne non aborigène, des taux d'infection élevés persistent parmi certains groupes autochtones, et ce, particulièrement parmi les personnes vulnérables et marginalisées en raison d'un accès restreint aux soins de santé », a souligné madame Mary Ellen Macdonald, professeure de santé buccodentaire et de questions sociales à la Faculté de médecine dentaire.

De concert avec le Centre d'amitié autochtone de Montréal, un organisme communautaire voué au soutien d'Autochtones montréalais, l'équipe de la professeure Macdonald, supervisée par le docteur Paul Brassard de la Division d'épidémiologie clinique de la Faculté de médecine, en collaboration avec le docteur Kevin Schwartzman de l'Institut thoracique de Montréal, également rattaché à la Faculté de médecine de l'Université McGill, et avec le docteur Dick Menzies, directeur de l'Unité d'épidémiologie respiratoire du Centre universitaire de santé McGill et de la Faculté de médecine mcgilloise, a effectué des tests cutanés de dépistage de la tuberculose auprès de 141 sujets. Une enquête a de plus été menée auprès de ce groupe afin d'en évaluer les connaissances sur la maladie ainsi que les comportements adoptés à son égard. Par ailleurs, des enquêtes individualisées ont été conduites auprès d'autres groupes du Centre d'amitié autochtone atteints de tuberculose ou dont l'un des proches est aux prises avec la maladie, dans le but de colliger de plus amples données quant à leur situation. À l'issue de ces enquêtes, un suivi approprié et un traitement médical ont été planifiés pour les sujets chez qui la tuberculose a été décelée.

Dans l'ensemble, les recherches ont démontré une prévalence élevée de tuberculose-infection latente à 17,7 pour cent. « Il est intéressant de constater qu'au sein de cette population à risque, les individus possèdent une plus vaste connaissance de la maladie, soit en raison de leur expérience personnelle ou parce qu'ils ont été témoins d'occurrences antérieures de tuberculose au sein de la communauté autochtone dont ils font partie. En raison de l'historique de colonisation, au cours de laquelle les Inuits et membres des Premières nations étaient isolés dans des sanatoriums pendant de longues périodes, parfois durant des années, les traitements entourant la maladie continuent de susciter de grandes craintes », a précisé la professeure Macdonald, qui œuvre également à titre d'anthropologue médicale.

Les recherches menées par l'équipe ont permis de mettre au jour d'importants obstacles relativement aux soins de santé de première ligne offerts à Montréal. La majorité des participants ayant affiché une réaction à l'issue du test cutané à la tuberculine n'a pas donné suite à l'évaluation médicale prévue. « Dans de nombreux cas, nous ne sommes pas parvenus à offrir les soins médicaux aux participants dépistés. Parmi les principaux freins relevés en ce qui a trait à l'accès à l'évaluation médicale, mentionnons tout simplement l'absence d'une carte santé. »

Mary Ellen Macdonald et Paul Brassard collaborent présentement avec le Centre d'amitié autochtone de Montréal afin de voir de quelle façon la communauté peut utiliser les données colligées en vue d'améliorer la santé de ses membres et d'explorer d'autres urgents besoins en matière de santé primaire.

La recherche a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.

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