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L’Union européenne aux mains des envahisseurs : Une étude sonne l’alarme concernant les coûts économiques des invasions biologiques

En l’absence de prise en charge efficace, on estime que les coûts, déjà importants, bondiront à plus de 142,73 milliards d’euros (150 milliards de dollars américains) d’ici 2040
Emerald ash borer, Agrilus planipennis. Credit: Stephen Ausmus / Agrile du frêne, Agrilus planipennis. Photo : Stephen Ausmus
Image par Stephen Ausmus.
American bullfrog. Credit: Jan Van Der Voort (Hyla vzw) / Ouaouaron. Photo : Jan Van Der Voort (association sans but lucratif Hyla)
Publié: 13 July 2023

Les invasions biologiques sont une menace sérieuse à l’environnement, à la biodiversité et au bien‑être humain, qui entraîne une dégradation des écosystèmes ainsi que des coûts économiques de l’ordre de plusieurs billions d’euros à l’échelle mondiale. Une étude dirigée par l’Université McGill lève le voile sur les coûts économiques exorbitants que ces invasions occasionnent au sein de l’Union européenne.

L’Union européenne est exposée à des milliers d’espèces étrangères envahissantes – des espèces dangereuses introduites par l’être humain là où elles n’existent pas normalement – et elle est particulièrement vulnérable en raison du volume de ses échanges commerciaux et du transport de marchandises, lesquels augmentent le risque d’invasions biologiques, selon les résultats d’une étude publiés dans Environmental Sciences Europe.

Dans la plupart des cas, l’incidence économique réelle et potentielle de ces envahisseurs n’a pas été évaluée rigoureusement, si bien que les coûts sont dans l’ensemble largement sous‑estimés, de l’avis de l’équipe de recherche. Pour combler cette lacune, l’équipe a calculé les coûts économiques des invasions biologiques au sein de l’Union européenne, et a eu recours à des modèles prédictifs pour en estimer les coûts à venir.

Les coûts pourraient être 501 % plus élevés que ce qui figure dans les registres

Les conclusions de l’équipe sont alarmantes – sur les quelque 13 000 espèces étrangères envahissantes qui se sont établies en Union européenne, à peine 259 (environ 1 %) étaient prises en compte dans les coûts, ce qui témoigne d’un profond manque de données quant aux coûts par région. Selon les projections des modèles utilisés par l’équipe de recherche, les coûts non déclarés pourraient être 501 % plus élevés que ce qui figure dans les registres, atteignant la somme astronomique de 26,64 milliards d’euros (28,0 milliards de dollars américains). La Lituanie, la République de Malte et la République tchèque figureraient parmi les pays de l’Union européenne les plus touchés.

Les estimations projetées dans le cadre de l’étude laissent entrevoir un bond spectaculaire des coûts à plus de 142,73 milliards d’euros (150 milliards de dollars américains) d’ici 2040 en l’absence de prise en charge efficace.

« Il est troublant de voir à quel point les coûts économiques des invasions biologiques au sein de l’Union européenne sont sous‑estimés. Ces coûts font non seulement peser un lourd fardeau sur l’économie de l’Union européenne, mais mettent également en péril l’équilibre écologique et le bien‑être des collectivités », soutient Morgane Henry, autrice principale et étudiante au doctorat sous la supervision de Brian Leung, professeur agrégé à l’Université McGill.

« Il est impératif de prendre des mesures immédiates pour mieux rendre compte des coûts et cerner les effets les plus préoccupants sur l’économie, et d’unir nos efforts à l’échelle mondiale pour contrer la menace que posent les espèces étrangères envahissantes », ajoute‑t‑elle.

L’équipe de recherche exhorte les responsables des orientations politiques, les scientifiques et les parties prenantes à tenir compte des implications de l’étude et à travailler main dans la main pour protéger les écosystèmes, préserver la biodiversité et assurer le bien‑être des populations. Sinon, les invasions biologiques précipiteront l’Union européenne dans un gouffre financier dont elle ne pourra se sortir que si les gouvernements agissent rapidement pour remédier aux effets écologiques dévastateurs déjà observables.

« Les coûts sont possiblement faramineux, mais nous n’en savons rien, ou presque. En effet, les coûts estimés ont quintuplé. Pourtant, ils ne tiennent compte que de 1 % des espèces pour lesquelles nous possédions des données, données que nous avons extrapolées à d’autres pays que ces espèces avaient envahis et qui n’avaient pas encore procédé à une estimation des coûts. Cela dit, nous sommes toujours dans l’ignorance concernant les 99 % restants », précise le Pr Brian Leung du Département de biologie de l’Université McGill.

L’étude

L’article Unveiling the hidden economic toll of biological invasions in the European Union, par Morgane Henry et coll., a été publié dans Environmental Sciences Europe.


L’Université McGill

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Son adhésion au développement durable ne date pas d’hier : il remonte à des dizaines d’années et se déploie à l’échelle tant locale que planétaire. Comme en témoignent les énoncés de durabilité qu’elle a signés, l’Université souhaite contribuer à façonner un avenir où l’être humain pourra s’épanouir dans le respect de la planète.

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