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Nouvel emploi pour notre chercheur en résidence, Louis-Robert Beaulieu-Guay

Publié: 8 December 2023

Portait de Louis-Robert Beaulieu-GuayLouis-Robert Beaulieu-Guay, chercheur en résidence du CRIEM pour l’année 2023, a été embauché comme assistant professeur en gouvernance canadienne à la Johnson Shoyama Graduate School of Public Policy, faisant partie de l’Université de la Saskatchewan. Heureusement, il pourra profiter de Montréal encore un petit moment, car il entrera en fonction en juillet prochain. Nous avons profité de cette heureuse nouvelle pour faire le point avec lui au sujet de sa résidence.

 

Quel était votre projet de recherche comme chercheur en résidence du CRIEM?

Mon projet était de construire une banque de données sur les consultations publiques à Montréal, notamment sur les documents qui sont rassemblés et produits par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Sur son site web, l’OCPM archive tous les mémoires qu’ils reçoivent et toutes les transcriptions de leurs audiences publiques. On parle de 26 000 documents, qui remontent jusqu’à 2002. Bref, c’est très riche, il y a vraiment une quantité impressionnante de données textuelles. Ces documents sont très accessibles, mais difficilement navigables; il faut cliquer à plein d’endroits pour trouver ce qu’on cherche. Dans le cadre de mon doctorat, j’avais déjà travaillé sur des techniques de moissonnage du web, de nettoyage, de fouille de texte et c’est ça que je suis venu mobiliser avec le CRIEM et l’OCPM pour pouvoir valoriser leurs données.

Mon objectif était donc de rassembler tout ça dans une même banque de données pour l’exploiter facilement, pour faire des analyses quantitatives et des analyses textuelles assistées par ordinateur. J’ai pu valoriser toutes ces données et créer une banque de données, afin que les chercheur.se.s puissent l’explorer et faire des recherches efficacement sur ce corpus inestimable.

 

Pouvez-vous me parler de votre nouveau poste?

C'est un poste de professeur assistant à l'Université de la Saskatchewan, dans une école de politiques publiques. C’est un peu comme des sciences politiques, mais appliquées. Je vais travailler à la Johnson Shoyama Graduate School of Public Policy (JSGS). Ça peut ressembler un peu à l’ENAP au Québec, dans le sens où ils forment leurs administrateurs publics provinciaux. C’est axé sur l’application et l’évaluation des politiques publiques. Il y a un côté plus pratique à cette école-là, mais il y a quand même beaucoup de recherche. Il y a deux chaires du Canada dans le département en tant que tel.

Je vais contribuer à l’axe de la gouvernance canadienne. Au niveau de l’étude de l’administration publique, le JSGS est plutôt axé sur le gouvernement provincial. Mon expertise viendra appuyer le département dans l’enseignement et la recherche portant sur l’administration publique fédérale. Je me spécialise sur la réglementation et je vais continuer d’explorer ces voies-là, avec des applications à propos de la Saskatchewan.

 

Justement, quels sont vos projets pour vos premiers mois (ou plutôt premières années!) comme professeur assistant en gouvernance canadienne?

Ça va sûrement tourner autour de la réglementation. Mes deux expertises sont la réglementation et la consultation des parties prenantes, ou en d’autres mots, les consultations publiques et les différentes manières dont les administrateurs publics questionnent leurs parties prenantes pour pouvoir extraire de l’information qui vient de l’extérieur du gouvernement. D’où le principe de gouvernance, pas de gouvernement. C’est encore du top-down, mais ça implique plus activement les parties prenantes, ceux et celles qui sont concerné.e.s par les politiques publiques. Et moi, je vais essayer d’évaluer à quel point les gens peuvent influencer le processus décisionnel au niveau de la réglementation.

J’ai un projet de comparaison Canada-Union européenne, qui ont des processus similaires aux nôtres pour la consultation des parties prenantes et la recherche d’informations. Mais aussi l’Université de la Saskatchewan se concentre beaucoup sur la politique et l’économie agricole et c’est quelque chose qui m’intéresse. J’ai fait ma maîtrise en économie agricole; je risque de retourner à ce sujet!

 

Comment le CRIEM vous a-t-il aidé dans votre cheminement professionnel?

Le titre de chercheur en résidence au CRIEM m’a permis d’avoir une affiliation universitaire, avec tous les avantages que cela confère. Être chercheur en résidence m’a permis d’avoir accès aux ressources de l’université (comme l’accès aux bibliothèque), ce qui est un atout indéniable.. Je peux aussi avoir un avis légal concernant l’anonymisation des données. Maintenir un lien avec l’université a été un avantage indéniable, ça m’a permis de construire ma banque de données, avec tout ce que ça implique, carrément.

 

Vous déménagerez loin de Montréal pour ce poste! Qu'allez-vous retenir de Montréal?

Je ne suis pas né à Montréal, mais j’aime Montréal d’amour. J’ai fait mon bac à l’Université de Montréal et ma maîtrise à McGill (mais au campus Macdonald), donc j’ai fait bien du kilométrage sur l’île. Mais bon, ce qui m’intéresse, c’est la consultation des parties prenantes. À Saskatoon, ce n’est pas le même niveau d’engagement avec leurs parties prenantes. Il y a moins d’acteurs en jeu, et certains d’entre eux sont puissants; les compagnies d’engrais agricole, ce sont de gros joueurs là-bas. L’économie est un peu moins diversifiée en général (peut-être pas à Saskatoon même).

Mais ce qui promet, ce sera de voir comment les dynamiques entre les parties prenantes, qui sont les acteurs importants dans la vie politique là-bas, et voir s’il y a des ouvertures pour intégrer plus de la consultation publique et de participation citoyenne. C’est sûr que ce n’est pas la même dynamique du tout; à Montréal, on avait déjà un modèle avant l’OCPM, il s’agissait du BAPE (le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement). Les consultations publiques ont pu être institutionnalisés assez facilement. Bref, le défi sera de voir si on peut permettre aux citoyen.ne.s de la Saskatchewan qu’ils.elles s’engagent plus dans leur vie politique. Je sais qu’il y aurait déjà beaucoup de consultations en ligne; ce sera à voir comment ça peut se dessiner et si on peut «importer» les manières de faire de Montréal.

 

En quelques mots, comment décririez-vous la ville de Montréal à un.e non-Montréalais.e?

Trop froide en hiver, trop chaude en été, mais tu ne veux pas être ailleurs.

Quartier préféré à Montréal?

Pour la villégiature, le Sud-Ouest; pour la vie de quartier, Rosemont

3 symboles incontournables?

Montréal est déjà symboliquement une ville cool et festive!

Symbole architectural : le pont Jacques-Cartier, toujours majestueux et capital dans l’histoire de la ville.

Symbole visuel : le mont Royal, qu’on aurait pu perdre mais qu’on a gardé à cause notamment des consultations publiques et de la mobilisation citoyenne, justement.

 

Quelques références sur la consultation publique et l’analyse textuelle de données:

Beyers, Jan, et Sarah Arras. « Stakeholder Consultations and the Legitimacy of Regulatory Decision‐making: A Survey Experiment in Belgium ». Regulation & Governance 15, no 3 (juillet 2021) : 877–893.

Bherer, Laurence, Mario Gauthier, et Louis Simard. « Quarante ans de participation publique en environnement, aménagement du territoire et urbanisme au Québec : entre expression des conflits et gestion consensuelle ». Cahiers de géographie du Québec 62, no 175 (5 mars 2019): 15‑40.

Grimmer, Justin, Margaret E. Roberts, et Brandon M. Stewart. Text as Data: A New Framework for Machine Learning and the Social Sciences. Princeton University Press, 2022.

Grimmer, Justin, et Brandon M. Stewart. « Text as Data: The Promise and Pitfalls of Automatic Content Analysis Methods for Political Texts ». Political Analysis 21, no 3 (2013): 267‑97.

Hill, Cassandra J., Richard Schuster, et Joseph R. Bennett. « Indigenous Involvement in the Canadian Species at Risk Recovery Process ». Environmental Science & Policy 94 (avril 2019): 220‑26.

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